Aquarium, de David Vann

"L'Amérique brutalise ses enfants" : c'est le constat établi à l'issue du festival de Deauville par Telerama, au vu des films en compétition. Analyse qui s'impose également dans le roman américain contemporain, si j'en crois mes dernières lectures. Viol, inceste, accident mortel, meurtre, suicide, telles sont les violences que subissent les enfants imaginaires de Gabriel Tallent, Louise Erdrich, Michael Collins, Emily Ruskovitch ...

David Vann, que j'ai découvert cet été avec Sukkwan Island, n'échappe pas à cette tendance. Je n'ose pas parler de ce dernier roman tellement il est sombre et désespérant, avec un personnage principal odieux, lâche, incapable, insensé, dangereux.

Aquarium est heureusement plus lumineux.

La narratrice, Caitlin, a 12 ans. Elle vit seule avec sa mère, qui travaille durement sur les docks de Seattle. Leur vie se situe juste au-dessus de la misère, et le seul luxe qui égaie les journées de Caitlin est le temps qu'elle passe dans le grand Aquarium après les cours. D'une vive intelligence, elle connait sur le bout des doigts les différents espèces aquatiques qui y sont exposées. C'est l'endroit où elle se sent en sécurité.

Sans père, sans famille, la jeune fille a une relation fusionnelle avec sa mère, qui se lézarde quand un vieux monsieur très gentil commence à discuter chaque jour avec Caitlin dans les couloirs de l'établissement... En toute innocence, l'adolescente va provoquer chez sa mère le rappel des années terribles vécues pendant sa jeunesse.

La morale est que les souffrances infligées aux enfants ouvrent la porte aux souffrances infligées par ces mêmes enfants devenus parents. Cependant, la fin du roman est plutôt optimiste, car elle laisse se développer l'option du pardon, cassant ce cycle délétère.

J'ai beaucoup aimé Caitlin, qui m'a rappelé Turtle. La narration est intéressante, et merci à l'auteur de n'avoir pas cédé à la facilité d'une fin dramatique.

Comments

[yan sabathé]

J'aime beaucoup lire vos commentaires