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Les lectures de Claire

Les lectures de Claire

Blog pour présenter les livres qui m'ont plu ... ou non.


L'Art de perdre, de Alice Zeniter

Publié par LaClaire sur 20 Décembre 2017, 07:24am

Catégories : #Littérature française, #Histoire

Je suis heureuse d'avoir trouvé un roman français, issu de la rentrée littéraire, dont le souffle historique et intime à la fois m'a évoqué les meilleures oeuvres de la littérature américaine que j'aime. "L'Art de perdre" retrace avec justesse et sensibilité la guerre d'Algérie et le rapatriement en France des Harkis.

Les trois parties correspondent à trois époques, trois générations, chacune représentée par un membre d'une famille.

Ancien combattant de la Seconde Guerre Mondiale, Ali, le grand-père, fait prospérer quelques champs d'oliviers en Kabylie. Les prémices de la guerre d'indépendance le laissent dubitatifs. Il n'apprécie guère que le FNL demande aux anciens combattants de refuser leur pension, et se sent mal représenté en tant que Kabyle. Plus par inertie qu'autre chose, il choisit le mauvais côté de l'Histoire et est contraint, avec femme et enfants, de partir dans la précipitation en 1962.

La deuxième partie, la plus remarquable à mon avis, retrace le chemin de son fils aîné, Hamid. Né en Algérie, il arrive en France vers 10 ans, sans connaître la langue. Parqués dans des camps de réfugiés, les Harkis découvrent une France qui les accueille à contre-coeur : climat difficile, pauvreté, déclassement social, barrière de la langue, racisme, ostracisme de la part des autres immigrés algériens et surtout la certitude de ne pouvoir jamais revenir en Algérie. Pour surmonter le sentiment de honte qu'éprouve ses parents, Hamid décide de s'intégrer coûte que coûte. Il rattrape son retard scolaire en un an, devient un élève brillant, se fait des amis en-dehors de son milieu et finit par se marier avec Clotilde. Sans renier sa famille, il se coupe de ses racines.

Parmi ses quatre filles aux couleurs d'yeux et de cheveux variées, Naïma est celle qui ressent difficilement cette rupture. Parisienne travaillant dans une galerie d'art, elle est amenée par son métier à revenir dans le pays d'origine de sa famille, et en profite pour reconsidérer son histoire.

J'ai vraiment apprécié le mélange saga familiale/événements historiques, que je trouve toujours intéressant pour comprendre le passé à hauteur d'hommes. Les deux premières parties m'ont vraiment emballée.

Je le suis moins par la dernière, qui se déroule de nos jours, après les attentats. Je pense être gênée car elle "sent" beaucoup l'autofiction, genre qui me déplait en général, et dont la littérature française actuelle abuse. Dans une scène un peu artificielle, la romancière fait dire par son double Naïma que l'autofiction sert de thérapie aux auteurs... OK, mais je ne trouve pas que l'étude de nombril soit vraiment passionnante pour les lecteurs. Cela manque de la générosité que l'on trouve dans les personnages des deux premières parties.

Mais ne boudons pas notre plaisir, "l'Art de perdre" est une belle réussite littéraire, distinguée par le Goncourt des lycéens 2017.

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